Frédérique Roy (Lune très belle) partage avec sa musique et ses mots une imagerie toute personnelle, peuplée d’objets tantôt translucides, aqueux et fuyants, tantôt lumineux, palpables, immédiats. Elle est traversée de ses rencontres avec la langue cristalline de Marie Uguay ; les flâneries sinueuses de Martin Arnold et Eric Chenaux ; les régions ludiques qu’habitent Chris Weisman, Ruth Garbus et Robin Dann ; les étendues placides qu’ouvrent Ellen Arkbro et Michael Pisaro ; la douce pesanteur de Bridget St-John et Judee Sill. Mue par un amour du jeu, elle tend vers des flous harmoniques d’une grande précision ; mouvements mélodiques frôlant l’errance ; silences habités, textures intimes de la présence.
Lune très belle est portée par Frédérique Roy, Eugénie Jobin, Simon Labbé et Gabriel Drolet. Liés d’amitié depuis plusieurs années, ils prennent ensemble le temps de veiller auprès de la musique, de la travailler patiemment, de l’observer advenir et changer au fil des nouvelles saisons et images qui surviennent. Leur jeu sensible se forme lentement et soigneusement, comme le souffle d’un seul instrument, large et profond. La confiance qu’ils éprouvent les uns envers les autres est un lieu de rencontre accueillant pour les tentatives, un lieu d’ouverture généreux afin que circulent les récits improbables qu’ils chantent ensemble.
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Texte de présentation par Anne Lardeux
La lune découpe un disque ourlé dans une nuit qui ne fait pas un aplat. Sous sa lumière, une fleur grise s’ouvre, le pelage d’un vieux renard sent le feu, on entend ça et là son crépitement lointain. Une femme chante penchée au bord d’un puits, la bouche à notre oreille.
Lune très belle est un front bombé au-dessus d’un regard clair qui n’est pas pur. Elle porte une force onduleuse et tranchante qu’elle dit ne pas connaître comme on le dit en s’excusant après avoir envoyé au sol l’autre qui n’y croyait pas non plus, surprise partagée « je ne connais pas ma force ».
Lune très belle cherche à dire précisément des sentiments, sans préciosité et en faisant sonner la singularité de leur complexion. Elle emprunte des passages troublants qu’elle a créés pour relier les coins opposés d’un grand tissu de temps et d’amour, le grand ciel translucide de l’avenue du Parc collé aux abords moirés d’un lac gelé. Elle est une goutte de pétrole dans une flaque d’eau. Elle est l’agencement calculé mais respirant du vent d’un accordéon, du support souterrain d’une contrebasse humble, d’une guitare sinueuse, d’un vibraphone, d’un piano, des choses ténues qui s’échappent, et d’une voix millénaire, souple navigant de profondeur en surfaces, syntonisée parfois d’un double, les deux se jouant de subtiles décalages.
La lune n’est pas le soleil, elle est changeante et sous ses rayons, la matière des mots se recompose mystérieuse ou poétiquement triviale, sur une syllabe avalée alors que tout est découpé. Sous ses rayons, le silence y trouve aussi sa place, travaillé de la présence discrète mais obstinée du monde parce qu’il le faut, parce que la lune toujours aigue est consciente de tout.
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